
Les études cliniques
Swissmedic simplifie les processus et réduit les entraves
Le terme « horizon scanning » fait penser à une vigie qui, à la proue d’un navire, traque les icebergs ou les îles inexplorées à la jumelle. Oui, affirme en riant Daniel Hürlimann, il se sentirait bien sur un bateau, mais la plupart du temps, il est assis devant son ordinateur. « Mes jumelles virtuelles sont cependant activées en permanence. » Sa mission : identifier précocement changements, tendances, innovations, chances et risques pour que Swissmedic puisse réagir à temps. « En fait, il s’agit de préparer notre institut à l’avenir », explique-t-il.
L’horizon scanning est une méthode qui permet de rendre le futur plus tangible. Swissmedic l’applique systématiquement depuis 2016. Daniel Hürlimann coordonne le travail, aidé par un groupe d’experts couvrant tous les secteurs de l’institut. Ensemble, ils observent cinq types d’évolutions clés – réglementaires, scientifiques et technologiques, politiques, économiques et sociales – qui pourraient influer sur Swissmedic.
Daniel Hürlimann compulse des sources, lit des rapports et études, suit le travail d’autorités partenaires et s’entretient avec des chercheurs et acteurs du marché. Il apprécie tout spécialement les indices fournis par ses collègues, qui repèrent des tendances lors de congrès. Lorsqu’une innovation émerge, il l’analyse avec les experts selon des critères précis : Swissmedic doit-il intervenir au plan réglementaire ? Les processus internes sont-ils encore adaptés ? L’institut dispose-t-il du savoir-faire requis ? « Si un besoin se fait sentir, nous classons l’évolution comme pertinente et agissons de manière proactive », explique Daniel Hürlimann.
Pour illustrer le bénéfice qu’en tire la population, il prend l’exemple de la fabrication des médicaments : pour gagner du temps, les entreprises pharmaceutiques misent de plus en plus sur la fabrication en continu, au lieu de la fabrication par lots. Swissmedic a réagi en publiant une ligne directrice visant à garantir que les normes de qualité et de sécurité, en particulier la traçabilité en cas de défaut de fabrication, sont respectées. Daniel Hürlimann s’est également intéressé très tôt à la réforme de la législation sur les médicaments dans l’UE. Bien qu’elle n’entre en vigueur que dans quelques années, Swissmedic veut être prêt – au cas p. ex. où des délais d’autorisation plus courts dans l’UE réduiraient l’attractivité de la Suisse.
« Je cherche des choses dont je ne connais pas l’existence. »
Mais aussi approfondie qu’elle soit, l’analyse prospective a ses limites. On ne peut pas tout anticiper. « L’IA p. ex., je la surveille depuis longtemps, mais n’empêche : j’ai été surpris par la rapidité d’évolution des grands modèles de langage », déclare Daniel Hürlimann. Ce type d’IA, Swissmedic l’utilise p. ex. pour détecter des médicaments illégaux. Notre visionnaire a étudié la biologie moléculaire, travaillé dans l’industrie et s’est formé à la prospective.
« Je cherche des choses dont je ne connais pas l’existence », dit-il pour décrire son travail. Une mission qu’il qualifie de passionnante, enrichissante et frustrante, parfois. Qui le réjouit d’autant plus lorsqu’il déniche « une perle rare ». Les résultats de l’horizon scanning sont encore confinés à l’interne, mais Swissmedic prévoit de les publier sous forme de newsletter – une invitation au dialogue.